Ce n'est pas ma main qui guide la peinture, c'est la peinture qui la guide.
A l'école, les cours de dessin étaient déjà un véritable bonheur. Un premier coup de coeur, à l'âge de 12 ans, lors de la découverte d'une exposition de Joan Miro. J'observais, subjuguée, comment ce peintre pouvait, en quelques traits, un choix de couleurs, créer autant d'émotions.
Je n'eus alors de cesse de découvrir l'univers des peintres, de quelque école, de quelque univers qu'ils soient. De véritables émotions devant un Cézanne, un Caillebotte, un Turner, un Delaunay, un Klee. Vinrent ensuite les rencontre avec les artistes pour lesquels je développais, au fil du temps, une véritable passion, Zao Wouki, Olivier Debré, Gerhard Richter et celui que j'appelle mon maître, Nicolas de Staël.
Parallèlement, je m'exerçais à cet art, Déjà seule, puis lors de huit années de cours de l'Ecole Martenot, avec le peintre Sophie Van de Velde. Je garde de cette période un souvenir fort des échanges avec ce professeur. Forte de son enseignement, je décidai de développer mon propre style, de faire mes propres recherches, de vivre ma propre expérience. C'est aussi à cette période que j'appris seule l'aquarelle, en suivant les conseils trouvés dans des livres. Une centaine d'aquarelles régalèrent mes amis et amateurs, lors de mes premières expositions. J'eus alors envie de retrouver les peintures à l'huile et les toiles découvertes à l'école Martenot. Je m'adonnais à cette technique pendant de nombreuses années. Quelques cours du soir aux Beaux-Arts de Reims ne me convainquirent pas, j'étais déjà trop indépendante.
A la demande d'un directeur d'école, je pus me confronter à quelques mois d'enseignement du dessin et de l'histoire de l'art, auprès de jeunes élèves de CM2. Ce que me renvoyaient les enfants étaient un véritable plaisir. Leurs questions, leur curiosité m'émouvaient car je sentais combien, pour certains, l'art allait prendre une grande place.
La peinture acrylique succéda à la peinture à l'huile. Avec autant de bonheur. Les années passant, j'osais quelques expositions de mes nouvelles créations. Je me souviens encore de mon premier vernissage, très intimidée par cette "mise à nu". Mes proches, amis, collègues et visiteurs extérieurs, étaient venus nombreux découvrir et encourager mon travail. Cet événement me conforta de ne plus laisser mes travaux à l'abri du regard et du "jugement".
Vint ensuite ce besoin de plus en plus impérieux de peindre. Sentir la peinture, la toucher, la déposer sur la toile avec mes pinceaux, couteaux, et même mes mains. La toile est la complice de mon imaginaire. Je dois m'isoler pour ne me consacrer qu'à la création. Plusieurs fois dans l'année, je suis hors du temps, hors du monde, dans ce lieu-refuge qu'est une location en haut d'une des falaises de la Baie de Somme. J'ai pour seuls voisins les goélands qui dansent dans le vent et frôlent mes fenêtres. Je pense peinture, je rêve peinture et ne vis que pour elle. Vous trouverez dans mes oeuvres le reflet de ces moments suspendus.
Nicolas de Staël
L'artiste au travail
2015 Exposition Michèle Rouan Cormontreuil, Grand Est, France
2016 Exposition Michèle Rouan Artiste Peintre et Paul R. Cloud Photographe Cormontreuil, Grand Est, France